Vers une reconnaissance légale des graphothérapeutes
Une proposition de loi (PPL) visant à une meilleure prise en charge des enfants et adolescents en difficulté d'écriture a été déposée le 19 septembre et publiée le 15 octobre derniers. Portée par la députée Alexandra Martin, cette réponse aux attentes des familles, des enseignants et des graphothérapeutes est une étape cruciale vers la reconnaissance officielle du travail de ces professionnels qui rééduquent le geste graphique des enfants. Décryptage avec la présidente de la fédération Grafem, Maguelone Destang, actrice majeure dans le monde de la graphothérapie.
Aujourd'hui, quelque 800 graphothérapeutes exercent en France. Ces professionnels, qui rééduquent le geste graphique des enfants avec des outils et des méthodes ciblées apportent un soutien indispensable aux enfants et adolescents en difficulté. Avec l'écriture manuscrite, ils participent en effet au développement cognitif, à l'estime de soi et à la réussite scolaire.
Cette profession n’est toutefois pas encadrée par une législation claire. Conséquence ? Les familles peuvent se retrouver exposées à des praticiens parfois insuffisamment formés. Face à l’évolution des enjeux liés aux apprentissages et aux troubles neurodéveloppementaux, il était donc devenu urgent de reconnaître et d’encadrer la profession de graphothérapeute. Un objectif que s’est fixée Alexandra Martin, députée des Alpes-Maritimes.
Les graphothérapeutes reconnus comme auxiliaires de santé
Un enjeu d’autant plus important qu’« une écriture dysgraphique se manifeste souvent autour des 7/8 ans et peut avoir comme conséquence une situation d’échec scolaire », explique la parlementaire. La raison ? « Une écriture dysgraphique est souvent assimilée à de la stupidité par les camarades de classe et peut faire l’objet de harcèlement scolaire ».
D’où l’intérêt d’y remédier car toutes les causes de harcèlement scolaire doivent être combattues avec force et détermination. « C’est d’ailleurs l’une des grandes causes que je défends à l’Assemblée nationale », ajoute Alexandra Martin. Une cause soutenue par d’autres parlementaires, à l’instar d’Agnès Firmin le Bodo, députée de Seine-Maritime (76).
Cosignée par cette pharmacienne et ancienne ministre de la Santé, cette proposition de loi a, depuis, reçu le soutien de plus d’une trentaine de députés. Résultat : la profession de graphothérapeute pourrait ainsi être officiellement reconnue avec, à la clé, son intégration dans le code de la santé publique comme auxiliaire de santé.
Graphothérapeute de plus en plus plébiscité par les enseignants
Une évolution d’autan plus souhaitable que l’écriture manuscrite occupe une place centrale dans les apprentissages scolaires dès les premières années de l’éducation. « Les recherches ont mis en lumière que l'écriture manuscrite ne se limite pas à la transcription des idées, mais est un processus cognitif complexe, qui influence la mémoire, la concentration et même la créativité ; contribuant ainsi au repérage des troubles neurodéveloppementaux reconnus », explique Maguelone Destang, fondatrice et présidente de la Grafem, la fédération qui encadre la profession.
Selon un sondage de la Grafem, le graphothérapeute s’inscrit de facto dans le parcours d’accompagnement en tant qu’acteur du repérage et réfère près de 55% des enfants et adolescents suivis auprès de spécialistes des secteurs médicaux, paramédicaux ou médico-sociaux. C’est notamment pour ces raisons que « le graphothérapeute, rééducateur de l’écriture manuscrite, est de plus en plus plébiscité par les enseignants », précise encore Maguelone Destang. En clair, ce professionnel arrive en soutien et collabore tant avec les enseignants, qui ne peuvent s’extraire du groupe en classe pour se consacrer entièrement aux élèves en difficulté, qu’avec les autres professionnels des troubles des apprentissages.
Rapport de 2023
Faut-il voir par ailleurs une corrélation entre la prolifération des écrans et l’augmentation du nombre d’enfants en difficulté ? C’est une question difficile et qu’il conviendra d’approfondir dans la mesure où « il est essentiel que l’enfant acquiert une écriture manuscrite fonctionnelle », explique la présidente de la Grafem. Afin de contribuer à l’équilibre de l’enfant, il faudrait donc faciliter l’apprentissage d’une écriture lisible et automatisée et ne pas négliger la lecture.
Publié en septembre 2023, le rapport IGÉSR précise d’ailleurs que l’enseignement de l’écriture et de la production d’écrits en maternelle et en primaire nécessite, dès le plus jeune âge, de clarifier la différence entre dessin, graphisme et écriture. L’enjeu ? Éviter toutes lacunes dans la structuration et la durée du temps alloué à l’écriture. Or, selon ce rapport « l’accompagnement du geste graphique et de la production d’écrits n’est plus assez intégré dans les pratiques pédagogiques ».
Produire un impact immédiat sur les résultats des enfants
Autant de missions qu’assument les graphothérapeutes et que contribuerait à reconnaître la proposition de loi d’Alexandra Martin. Sereine et déterminée, Maguelone Destang, est d’ailleurs convaincue de « toucher au but ».
Un aboutissement bienvenue selon cette militante de la première heure qui se réjouit, dans un contexte d’insécurité, de pouvoir « continuer à apporter un soutien réconfortant aux familles en produisant un impact immédiat sur les résultats des enfants ». Car l’enjeu est avant tout de leur permettre de mieux écrire.
Ariane Plouzeau
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